L’ère de la « technobilité » ?

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Alors que les marchés financiers s’interrogent sur les prochaines intentions des banquiers centraux en s’attardant sur les ajustements cycliques, les entreprises cherchent à s’inscrire dans un futur durable en maintenant tout ou partie de leurs investissements productifs. Technologie, innovation, robotique, Intelligence Artificielle (IA), digitalisation, fintech, propriété intellectuelle, R&D, tout concourt à soutenir la productivité de demain et par effet de ricochet, la génération de revenus et de valeur ajoutée. A un moment où les pressions cycliques flirtent avec les enjeux structurels majeurs qui s’accélèrent (transition démographique, technologique et énergétique), l’innovation et la technologie doivent apporter la solution à la pénurie de main d’œuvre (sortie des babyboomers du marché du travail).

Entreprises et autorités, monétaires incluses, se projettent dans la nouvelle ère de la « technobilité », néologisme créé de toute pièce pour signifier le couple optimal entre l’employabilité et la technologie. Cette optimisation, déjà bien connue de la plupart des secteurs manufacturiers, peut encore offrir un avenir brillant aux secteurs des services, plus intensifs en travail et confrontés à la pénurie de main d’œuvre (par exemple : services hospitaliers et sociaux ou hôtellerie et restauration). D’aucuns s’inquiètent de l’IA qui remplacera nombre de fonctions : « le monde du travail ne devrait s’associer qu’à des ingénieurs ou à des informaticiens ». Un récent rapport comparatif (Future of Jobs report 2023) du World Economic Forum (WEF) auprès des entreprises de tous horizons nous enseigne pourtant que l’employabilité de demain nécessite non pas les aptitudes de maîtrise et de synthèse de données (de plus en plus organisée par la technologie), mais bien d’un esprit critique, d’analyse voire de créativité qu’il faut développer pour que l’entreprise de demain (« l’entreprise augmentée »), des services en particulier, rehausse sa productivité et assure sa compétitivité et sa profitabilité. Gageons dès lors que pour faire face aux enjeux structurels majeurs, la principale solution est l’innovation et le développement de pôles de compétence qu’autorités et entreprises doivent intégrer ensemble dans des investissements de long terme (capital et travail) qui permettront à la profitabilité des entreprises de se redresser, après les ajustements cycliques récents. Et si le forum de Jackson Hole est passé inaperçu pour la plupart des investisseurs de court terme, il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur la thématique prégnante du symposium, celle de la politique monétaire adéquate à mener pour soutenir l’investissement d’innovation, de R&D et la productivité de demain. Ainsi, la politique monétaire ne peut persister en territoire restrictif trop longtemps, sous prétexte d’un marché de l’emploi tendu, afin d’éviter un choc désastreux sur la vague d’innovation et la future productivité. Les banquiers centraux l’ont bien compris et doivent maintenant s’atteler aux forces sous-jacentes de long terme de l’inflation, à savoir la pénurie de ressources (travail et capital) pour que le prix juste retrouve sa fonction première (l’équilibre entre offre et demande). Le prix de l’entreprise augmentée se réajustera tôt ou tard par rapport à sa rentabilité et à son aptitude à s’inscrire dans la « technobilité », association optimale entre travail, équipement et formation.